Accueil  |  Les Miss  |  Les Mister  |  Voter

Adanedhel

"Attention ! il fonce droit sur nous !"

*fiiiiiiit fit fiiiiit*

Les flèches pleuvaient sur la cime enneigée de la Montagne du Singe Fétide.

"Penser en stratège, agir en primitif Ada" pensais-je en me traînant derrière une rocaille à flanc de coteau. Mais que m'était-il arrivé ? je me baladais tranquillement dans la forêt, à l'heure où les poules s'écartèlent les sphincters pour pondre… et me voilà pris dans un guet-apens ou du moins ce qui semblait en être un.

Ma peau me démangeait douloureusement, le vent dur faisait claquer ma cape sur mon corps transis. Et le film des évènements repassait en 24 images seconde dans ma tête agitée.

Tout avait basculé quelques heures plus tôt. Pas de champignons pour le squig aux marrons de Noël…
Ce qui semblait être la plus banale des expéditions horticoles s'était muée en cauchemar éveillé.

[Flashback H-3]

Je pris mon panier, et deux petites madeleines, et je me mis en route pour la forêt toute proche. M'enfonçant dans les entrailles du lieu consacré, je piochais ça et là, girolles, truffes grises et trompettes de la mort. Les parterres regorgeaient de ces délicieux champignons, sous les aulnes et les chênes centenaires.

Au milieu des fleurettes, une odeur nauséabonde assaillit mes naseaux jusqu'alors comblés de douceur. Une odeur de rance, comme une motte de beurre oubliée sur la table. L'odeur me révulsait et m'attirait, quelque chose m'en rapprochait… Je m'en sentais proche tout en la fuyant.

Bientôt il n'y eu plus que cette odeur, qui dirigeait mes pas et mon esprit. Je m'en rapprochais inexorablement jusqu'à ce qu'elle ne fît plus qu'une avec moi-même.

La clairière était là, sous mes yeux, luxuriante de verdure, comme éclairée par les soupirs des anges. Des licornes argentées jouaient dans un ruisseau à l'eau cristalline. Les fleurs agitaient doucement leurs corolles sous les effets d'un vent douceâtre. Elles semblaient m'accueillir en ce lieu mirifique. De jeunes elfes couraient nues dans les fougères en riant, se lançant des pétales de roses au visage et souriant de toute leur splendeur.

La puanteur s'était pourtant accentuée, troublant mes sens et ma vue. Tout basculait, ma tête prise entre mes mains, je m'évanouis dans la torpeur de la fièvre. Au réveil, la neige tombait drument sur mon visage rougi par le froid.

La clairière avait disparu, laissant place à un sinistre gouillet marécageux. Je décidai de me relever doucement, encore ensuqué, interdit.

[H-2]

En me relevant, je m'écroulais lourdement sur le sol, comme un arbre mort.

"aïe" fit une toute petite voix.

Je posais négligemment les yeux sur mes jambes étendues au sol et n'en cru pas mes prunelles.

"Ma jambe ! Ma jambe ! mais… mais ARGHHHHH j'ai une jambe en Patrick Duffy !"

La stupeur m'empêcha d'en exprimer davantage. Patrick Duffy avait pris possession de ma jambe gauche. Il souriait stupidement en frottant sa tête avec sa toute petite main.

Je voulu me frotter les yeux pour chasser cette image absurde et constatait avec écoeurement que ma main droite était… feuillue… une branche de céleri. Mon bras était en branche de cèleri !

Décontenancé je parvins à me redresser, je pris mon panier et pris sur moi de quitter cette forêt maléfique. La progression était lente dans les bois de plus en plus denses.

"Attention aux massifs épineux l'ami, j'ai un tournage dans 2 jours" dit le mini humain qui avait spolié ma jambe.

"Je ne comprends pas ce que vous dites heuuu monsieur… chose… je ne sais pas trop" répondis-je en bafouillant.

"Encore ce maudit champignon" soupira Patrick "jambe" Duffy.

Je stoppai mon avancée.

"Champignon ? Quel champignon !"

Alors Patrick Duffy, ou ce qu'il en restait me narra l'histoire, de ce champignon qu'on appelle le Satyre du Chien Puant, son odeur attire les Seigneurs, et les transforme en chimère anachronique et légumineuse.

"Vous êtes maudit, et par la même moi également, il n'y a qu'une solution à ce drame" lâcha Duffy dans un soupir désespéré.

"Quelle solution?" hurlais-je en secouant ma jambe comme un prunier.

"Houla, doucement l'ami, minute ! j'y viens…". Duffy pris une grande inspiration. "Comme vous le savez, chaque année qui passe voit l'élection de la plus belle et désirable créature de Daifen".

"Miss daifen, oui, oui" pressais-je le petit homme. Et de sa grandiloquente voix, il reprit

"Le champignon, pour briser le charme, doit être introduit au plus précieux de l'intimité de celle qui sera élue, c'est le seul moyen de retrouver votre admirable apparence… et ma liberté".

"C'est sur que pour briser le charme, ça brisera le charme" soupirais-je en reprenant la route d'un pas pressant.

[H-1]

Je jetai un coup d'œil dans mon panier, les deux petites madeleines avaient disparu… Un champignon luminescent à moitié rongé reposait à leur place dans le petit cercueil à provision. Sa forme oblongue et pale était surmontée d'un chapeau rose fendu sur le milieu. Il dégageait une odeur d'iode et de varech.

Je le touchais avec prudence, son corps spongieux et collant déposa une gelée poisseuse sur mes doigts gelés.

La tâche ne serait pas facile, et je cherchais le moyen de parvenir à mes fins.
Mon visage s'éclaira dans la nuit sans nom. Il me suffira de me présenter à l'élection des Misters, l'accès backstage me sera ainsi donné.

Une fois la couronne posée sur la délicate créature qui remporterai le prix, je me faufilerai dans les couloirs… jusqu'aux latrines où la miss ne manquera pas de faire passer l'angoisse du défilé, et c'est à ce moment très précis que j'opèrerai.
Un sourire narquois sur mon visage fit son apparition quand mes pas me menèrent, enfin, à l'orée de ce bois infernal.

[H - pas beaucoup]

"La créature ! elle est là ! en joue Archers ! Tirez !"

Une pluie de flèches s'abatis soudain sur moi.

"Ouch", l'une d'elle se planta douteusement dans mon postérieur qui tressaillit sous l'effet de la douleur.

"A mort Adapock" hurlaient les villageois, levant au ciel de larges torches enflammées.

Je courrai tant bien que mal, zigzaguant maladroitement entre les flèches qui faisaient siffler mes oreilles.

"Penser en stratège, agir en primitif Ada" pensais-je en me traînant derrière une rocaille à flanc de coteau. Le château était tout proche, je pourrai m'y rendre sans trop de peine.

"Je ne veux pas vous vexer m'sieur mais vous ne parviendrez jamais à concourir avec cette… apparence" siffla la petite voix désormais familière.

"Mais tu lis dans mes pensées toi ?" m'exclamais-je interloqué.

"Je fais partie de vous maintenant, je vous le rappelle, mon individu est dans le vôtre, que vous le vouliez ou non".

L'excroissance vivante n'avait pas tord, il fallait que je maquille ces disgrâces, et par la même occasion améliorer un peu l'aspect général du reste. Faire sauter deux trois pustules, couper un peu la bataille de tifs qui faisait rage sur mon crâne, voire même me laver…

"Faut souffrir pour être libre"

. C'est sur ces considérations que je descendit le flanc du coteau en catimini, laissant derrière moi la foule mugissante qui me traquait depuis la sortie des bois.

[H+1, au château]

"Voici Seigneur" me répondit la jeune esthéticienne en me renvoyant mon image dans le miroir. Hormis les sons étouffés qui parvenaient de ma jambe gauche, l'illusion était parfaite.
J'étais fin prêt ; et cette année plus que tout autre, j'attendrai l'élection de Miss Daifen avec avidité.